L’histoire de La chanson de Craonne est complexe, bien qu’elle soit populaire encore aujourd’hui. Chansons de révolte et de désespoir des poilus pendant les mutineries de 1917, elle est très longtemps laissée de côté, avant d’être chantée de nouveau lors des commémorations du 11 novembre. Elle symbolise aujourd’hui notre regard contemporain sur les combattants de la première guerre mondiale : reconnaissance, gloire, pitié.
Les paroles ont été écrites sur la musique de la chanson à succès : Bonsoir M'amour, composée par Charles Adhémar Sablon en 1911, sur un air de valse à 3 temps. Dans les deux premiers couplets et le refrain sont exprimés la lassitude et le désespoir face aux conditions de vie dans les tranchées : « on en a assez… personne ne veut plus marcher… le cœur bien gros… comm’ dans un sanglot, en baissant la tête... huit jours de souffrance… ». Le contraste entre la vie des tranchées et la vie douce pour tous ceux qui n’étaient pas au front se retrouve dans la musique : il y a un décalage entre la légèreté de la mélodie et le côté sombre et poignant du texte.

Témoin de la guerre
La chanson de Craonne présente une particularité : elle traverse la Première Guerre mondiale, en s’adaptant à toutes les batailles, grâce à des titres différents et à des paroles parfois modifiées. Elle prend ainsi le nom de Chanson de Lorette au printemps 1915, à la suite des violents combats en Artois, autour de Notre-Dame de Lorette. En 1916, une variante fait allusion aux combats de Verdun et s’intitule La Vie aux tranchées. Quoiqu’il en soit, La Chanson de Craonne entre dans la légende, après l’offensive très meurtrière du général Nivelle au Chemin des Dames en 1917. Le « plateau », dont il est question dans les paroles, est celui qui surplombe le village de Craonne dans l’Aisne.
Antonin Albert
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