Après les révélations explosives de Mediapart le 22 août sur un chantage perpétré par le maire LR de Saint-Etienne, le scandale n’a cessé de prendre de l’ampleur. Sous le feu des critiques, Gaël Perdriau refuse “de se mettre en retrait ou de démissionner.”
Un chantage depuis près de huit ans
Depuis 2014, le maire et son entourage font chanter son premier adjoint centriste Gilles Artigues, après l’avoir piégé et filmé nu avec un autre homme. Après lui avoir organisé une soirée sur Paris, l’élu municipal Samy Kéfi-Jérôme, proche de Perdriau, décide de laisser Gilles Artigues avec un autre homme dans une chambre d’hôtel. Une caméra est habilement cachée pour filmer Artigues et l’invité se déshabiller, avant que le premier ne soit massé par le second. Connu pour son implication dans la communauté catholique de Saint-Etienne, marié et père de deux enfants, Gilles Artigues a ensuite été sommé de suivre les idées du cabinet du maire sans mot dire. Au centre de la machination, Gaël Perdriau et son directeur de cabinet Pierre Gauttieri. Le 12 septembre, Mediapart révèle de nouveaux audios édifiants, contenant des discussions entre Perdriau, Pierre Gauttieri et Artigues entre 2017 et 2018. Gaël Perdriau menace de diffuser le film sur les réseaux, tandis que Gilles Artigues assure qu’il saisira la justice. “Si le fait que j’aille en taule vous fait tomber parce que vous passez pour une vieille pédale sur le retour, je n’en ai aucun problème”, rétorque Gaël Perdriau d’une voix claire. “Vous avez fait une chose ignoble pour me piéger il y a trois ans. Vous aviez quand même une intention de préméditation", blâme le centriste. “On n’a rien fait du tout. On a reçu une clé USB. [...] Continue comme ça, Gilles. Je peux le refaire. Bien sûr que tu te défends mais pour se défendre, il faut savoir d’où ça vient”, lui rétorque le maire.
Le maire et son directeur de cabinet nient les faits malgré les preuves accablantes
Aujourd’hui, les avocats de Gaël Perdriau ont assuré que “rien ne justifierait sur le plan juridique qu’il démissionne. Il est ressorti libre de trois heures trente de garde à vue mardi sans aucune mesure prise par la justice à son encontre”, ont-ils justifié. Pour eux, la procédure d’exclusion lancée par Les Républicains à l’encontre du maire est “navrante.” Le parti politique LR et ses membres ont fait part ses deux dernières semaines de leur colère et leur volonté de s’éloigner de Perdriau, déjà démis de ses fonctions de vice-président en 2021 pour avoir critiqué Eric Ciotti, candidat à la présidence du parti, qu’il accusait d’être soutenu par Eric Zemmour. Lors des révélations du scandale, Eric Ciotti avait qualifié le maire “d’ignoble Perdriau” qui devait quitter la mairie au plus tôt, réclamant une justice “implacable.” Pour la mairie du 7ème arrondissement de Paris Rachida Dati, ses actes sont clairement de “nature criminelle.” Quant à Bruno Retailleau, il “éprouve le plus grand dégoût” pour le personnage. Dans un communiqué, le cabinet du maire explique que “Gaël Perdriau est au travail à la ville comme à la métropole sur l’ensemble des dossiers, au service des deux collectivités et des habitants, avec la même détermination.” Perdriau comme Pierre Gauttieri avaient déclaré “ne pas être les commanditaires de cette vidéo”, se disant “sereins par rapport à la suite des événements.” Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon pour “atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d'une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions.”
Maud Baheng Daizey
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