Quelques mois après avoir été renversée par l’armée, l’ex-dirigeante de la Birmanie Aung San Suu Kyi va être inculpée pour “fraude électorale” lors des législatives de 2020 remportées haut la main par son parti, ont annoncé mardi les médias d’État. Déjà poursuivie pour sédition ou encore corruption, la prix Nobel de la Paix va être poursuivie pour “fraude électorale”, a rapporté le journal Global New Light of Myanmar, sans donner plus de détails. Quinze autres responsables, dont l’ex-président de la République Win Myint, également arrêté lors du coup d’État de février, vont être poursuivis pour cette même infraction.
La junte militaire, arrivée au pouvoir le 1er février 2021, a toujours justifié son passage en force en invoquant “d'énormes irrégularités” lors des élections de novembre 2020, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi. Mais jusque-là personne n’avait été inculpé. Les observateurs internationaux avaient pourtant qualifié ces élections de "globalement libre et équitable". De son côté, le chef de la junte, Min Aung Hlaing a menacé de dissoudre la LND, une des principales forces d’opposition dans le pays. Il a également assuré que de nouvelles élections seraient organisées d'ici août 2023. "La junte utilise des allégations fallacieuses de fraude électorale pour justifier son coup d'État", a déclaré à l'AFP Richard Horsey de l'International Crisis Group. "Aung San Suu Kyi et son parti bénéficiaient d'un soutien écrasant des électeurs, les verdicts de culpabilité ne convaincront personne", analyse-t-il.
Aung San Suu Kyi est assignée à résidence depuis son arrestation le 1er février. Depuis le mois de juin, elle est jugée pour une multitude d’infractions : importation illégale de talkies-walkies, sédition, corruption, incitation aux troubles publics. Elle est également accusée d’avoir violé les règles de restrictions contre le Covid-19. Et un premier verdict est attendu le 14 décembre dans ce volet de l’affaire. Son procès se tient à huis clos devant un tribunal spécial de Naypyidaw, les médias ne sont donc pas autorisés à y assister. La junte a également interdit à son équipe juridique de parler à la presse et aux organisations internationales. L’ex-dirigeante birmane risque de longues années de prison si elle est reconnue coupable.
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