Alors que l’épidémie de Covid-19 a frappé de plein fouet l’Europe, Cuba a globalement bien maîtrisé les premières vagues. Avec un des ratios les plus faibles de décès par habitant, Cuba a vu sa gestion de l’épidémie être saluée par l’OMS. Les personnes positives ont constamment et rapidement pu être isolées, en étant hospitalisées jusqu’à ne plus être positives pour éviter davantage d’exposition au virus. Chaque cas contact a même été mis systématiquement en quarantaine avec des visites quotidiennes de la part d’un membre du corps médical.
5 Vaccins dans les Caraïbes :
Désormais, c’est dans la vaccination que Cuba risque de frapper un grand coup avec la production non d’un sinon de cinq vaccins dans la lutte contre le Covid-19. Une nouvelle vitrine de l’excellence médicale de l’île à travers l’élaboration du premier vaccin entièrement conçu et produit en Amérique Latine. Cuba va désormais rejoindre le cercle très fermé des rares pays au monde qui ont réussi à développer puis commercialiser leur propre vaccin.
L’île compte à l’heure actuelle pas moins de 5 projets de vaccins : Soberana I, Soberana II, Soberana Plus, Abdala et Membisa, les 5, à double dose. Les plus avancés à l’heure actuelle sont Soberana II et Abdala, tous deux en fin de phase III. Une quantité non négligeable de vaccins mais aussi une diversité importante avec des sérums pour lutter contre le Covid-19, un autre (Soberana Plus) pour les personnes convalescentes du Covid et enfin Membisa, un vaccin administré à travers un spray nasal.
Dorénavant, l’objectif pour Cuba est de démarrer sa campagne de vaccination d’ici le début de l’été et d’administrer les deux doses de son sérum à la moitié de sa population d’ici le mois de septembre. Au niveau de la production, 100 millions de doses sont espérées d’ici la fin de l’année, soit l’équivalent de 9 fois la population du pays.
Les Cubains ne devraient donc pas connaître de pénuries similaire à ce qu’a vécu l’Europe pendant de nombreux mois (et aujourd’hui encore ?) et devrait également facilement trouver preneurs à l’étranger si les vaccins s’avèrent efficace (Venezuela, Argentine ou encore la Bolivie notamment).
Un tourisme de sûreté avec une double injection à la clé pour les étrangers ?
L’île souhaite également relancer son tourisme dès cet été, en instaurant la possibilité pour les touristes étrangers de recevoir le vaccin cubain lors de leur séjour sur l’île. Le nouveau slogan « plage, mojito et vaccin » a déjà été lancé, avec des « packs » de vacances incluant la vaccination en ventes dans les agences de voyages et autres sites de vacances. Une stratégie qui pourrait s’avérer gagnante tant pour Cuba qui pourrait relancer son activité touristique et son économie en offrant un cadre de sûreté, alors que les touristes étrangers recevraient un sérum de qualité, la double dose si prisée à laquelle ils n’ont pu avoir accès dans leur pays.
Une campagne de vaccination 100% locale
La conception de vaccins est un succès politique et sanitaire pour Cuba, qui vient récompenser la capacité en recherche biomédicale de l’île et ce, malgré l’embargo en vigueur depuis plusieurs décennies. Cuba devrait donc vacciner prochainement, sans avoir procédé à l’achat de vaccin ou adhéré au dispositif mis en place par l’OMS : COVAX.
Les résultats préliminaires sont d’ailleurs encourageants, avec des anticorps qui auraient été générés de manière systématique. Abdala et Soberana II ont été administrés à des milliers de personnes tant en phase de test comme en vaccinant le personnel de santé de l’île. La phase 3 mise en place par Cuba pour ses vaccins repose d’ailleurs sur une analyse très complète, avec beaucoup plus de participants que pour la phase 3 du Vaccin Pfizer ou Moderna.
Soberana II et Abdala sont même testés à l’étranger, avec des volontaires en Iran ou au Venezuela. Ces pays pourraient d’ailleurs utiliser le vaccin cubain voir le produire localement en cas d’issue favorable à la fin de la phase 3.
Cuba remporte-t-elle haut la main la comparaison ?
Pour sa part, la France est très en retrait en ce qui concerne la création d’un vaccin avec des échecs retentissants tant pour Sanofi comme pour l’Institut Pasteur. Alors que Cuba est le plus petit pays du monde développant son propre vaccin à l’heure actuelle, la France est le seul Etat-membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à n’avoir pas commercialisé son propre sérum à l’heure actuelle.
La comparaison avec Cuba porte-t-elle un coup de grâce aux critiques envers la France ? Après tout, Cuba a une longue tradition dans le domaine de la santé. Cependant, Cuba reste un pays modeste marqué par des difficultés économiques régulières, notamment à cause du blocus qui sévit depuis la guerre froide. Malgré un investissement similaire pour le domaine de la santé avec approximativement 11% du PIB investi dans le secteur pour la France et Cuba, Sanofi et Pasteur ont tous deux été secoués par des échecs humiliants. Pasteur a dû reconsidérer son projet de vaccin principal et même l’annuler, en janvier dernier, et se concentre désormais sur son spray nasal. Une forme « d’injection » similaire à celle de Membisa. Sanofi, un géant de la pharmaceutique a maintenu à flot son projet malgré les retards encaissés lors de l’élaboration de son vaccin, mais son projet aboutira près d’un an après les vaccins Spoutnik-V, Pfizer ou encore Moderna.
Pendant que Cuba développe et produit son vaccin, la France a dû se résoudre à contribuer à la production de vaccins étrangers sur son sol, à défaut de fabriquer le sien. Pour augmenter la cadence de production et le rythme de vaccination, la production du vaccin créé par Moderna a débuté courant mars en France, celle de Pfizer en avril et Sanofi produira prochainement le vaccin de Johnson & Johnson.
L’unique vaccin en « compétition » avec les sérums cubains est celui développé par la société française Valneva, dont la conception est majoritairement financée par le gouvernement britannique. Ce produit est actuellement en phase III et présente des résultats encourageants. L’homologation se rapproche, et les premières injections également… mais toutes vers l’Angleterre.
Les vaccins Sanofi et Pasteur pour leur part seront vraisemblablement disponibles sur le marché international après Abdala et Soberana II, sans l’ombre d’un doute…
En attendant, la métropole devra donc se contenter d’un rôle de sous-traitant, peu glorieux, mais qui contribuera à la lutte contre cette pandémie.
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