
La maison a proposé une revue des silhouettes marquantes des créateurs de ces dernières années
Transition, c’est le mot qui définirait sans doute le mieux l’essence de ce défilé Gucci automne-hiver 2023. Le départ précipité et totalement inattendu de l’ancien directeur artistique Alessandro Michele, en septembre dernier, avait plongé les aficionados de la maison dans l’incertitude la plus totale. Qui pour remplacer ce créateur fantasque ayant fait de l’exubérance et de la fluidité de genre ses leitmotive mode depuis 2015 ? Difficile en effet de prendre la relève d’un homme qui a permis à Gucci de tripler ses chiffres de vente en seulement 7 ans.
Un trait d’union entre les anciens et le nouveau directeur artistique de la maison
C’est finalement Sabato de Sarno, des nom et prénom confidentiels pour le grand public, qui a été choisi comme nouvelle tête créative. Ayant été nommé en janvier dernier, le timing était trop serré pour lui permettre d’imposer sa vision pour ce défilé. Il faudra donc attendre septembre et la collection printemps-été 2024 pour voir le virage que Sabato décidera de faire prendre à la maison.
En attendant, c’est donc l’équipe créative déjà en place qui a imaginé les looks de ce show présenté à Milan au siège social de la marque, situé Via Mecenate. Ces silhouettes rendaient hommage aux créations et inspirations des directeurs artistiques précédents. Résultat, un mélange des genres entre tailoring plus ou moins revisité, bling de party girl et allure seventies. Une manière de laisser carte blanche totale au futur directeur artistique.
Le tailoring sous toutes ses coutures

Si la majorité des pièces étaient placées sous le signe de la fête, l’officewear avait aussi sa place sur le podium, dans sa version la plus formelle tout d'abord. Les tailleurs-pantalons avec vestes de blazer noirs côtoyaient ainsi des tailleurs-jupes, chemises et autre pulls en maille. Les longs manteaux stricts à boutonnage et aux teintes sobres de gris et de noir se sont également succédés.
Mais la working girl se réinventait également, boostée par la party girl qui toquait avec frénésie à sa porte. Les jupes crayon phare des années 90, chères à Tom Ford, s’imaginaient ainsi version métallisées ou à broderies pailletées. Les chemises et tops seconde peau se faisaient plus sensuels que jamais en adoptant une transparence totale qui laissait apparaître avec espièglerie les seins. Une transition toute trouvée vers des silhouettes au bling assumé.
Les années 70 ont plus que jamais le vent en poupe

Le fantôme d’Alessandro Michele, dernier directeur artistique en date, flottait indéniablement sur cette collection. Les silhouettes semblaient en effet toutes droit sorties des années 70. Déjà par les couleurs, où le rouge flashy succédait au jaune flamboyant ou encore au bleu intense. Elles s’affichaient ainsi sur de multiples pièces, version color block le plus souvent.
Le disco s’emparait également des coupes avec un crop top à col polo associé à un pantalon flare en velours, des pulls à col roulé, avec ou sans manches, et des robes droites, sans manches elles aussi. Une robe de soirée noire à plumes et au décolleté plongeant retenait aussi particulièrement l’attention. Mais le clou du spectacle était bien ces lunettes aux verres teintés de couleurs vives qui apportaient cette dimension fun aux looks. Le rétro s’imposait aussi côté sac avec la réintroduction d’un sac trapézoïdale à grosse chaîne issu des archives et agrémenté d’un mord XXL, hommage à l’héritage équestre de la maison. Le Jackie 1961, lui, s’imaginait dans de nouvelles textures et couleurs à l’image de l'orange néon. Une chaîne longue dorée à tête de tigre venait également apporter une touche bling aux versions mini de ce sac.
La star du défilé était la fausse fourrure

S’il ne fallait évoquer qu’une seule matière, ce serait elle. La fourrure était clairement la star du show. Elle habillait en effet les mannequins de la tête au pied. Avec son aura chic, les polos et robes pull maximisaient instantanément leur quotient mode. Les accessoires n’étaient pas en reste avec des chaussures poilues façon après ski directement inspirées des archives des années 60 de la maison et des chapeaux à la hauteur vertigineuse. Mais ce sont bien les manteaux qui ont attiré tous les regards. Qu’elle agrémente des cols, manchons et étoles ou qu’elle s’impose en mode all over, la fourrure se permettait toutes les excentricités sur cette pièce. Elle arborait ainsi des teintes flashys façon motif ou color block, ou une savante association de noir et de blanc à la manière d’une Cruella d’Enfer 2.0.
La fêtarde ose les plus folles excentricités

La party girl était sans conteste l’inspiration principale du défilé, et celle qui mixait sans doute le mieux l’univers sexy de Tom Ford à l’amour des détails bling et des couleurs d’Alessandro Michele. On obtenait ainsi un cocktail détonnant à base de glitter, jeux de transparence et lingerie. Strass formant des motifs, pierreries étincelantes sur des robes sans manches, et broderies dorées agrémentant des jupes crayon ne sont que des exemples de l’univers brillant proposé. Les paillettes avaient en effet elles aussi leur place, sur des leggings notamment, tandis que les sequins envahissaient des jupe, top sans manches et robe façon all over et qu’un manteau se recouvrait de fils scintillants.
La transparence était aussi de mise avec des matières laissant apparaître seins ou lingerie sous des tops, débardeurs, pantacourts, jupes de tailleur et robes. Calquant la tendance ultime de la saison en ce qui concerne les soirées, les sous-vêtements avaient en effet la part belle. Gucci annonçait d’ailleurs la couleur dès l’ouverture du show avec une première silhouette composée d’une jupe longue noire et de gants opéra, mais surtout d’un soutien-gorge triangle à strass où figurait sur chaque sein le double G emblématique de la marque. S’en sont suivis trois autres modèles aux coupes différentes déclinés en rouge ou noir. Ils s’associaient à des strings ultra hot ou des culottes taille haute façon années 50 intégrées à des collants colorés.
L’audacieux style no pants se confirme
Il s’agit sans conteste de la tendance la plus remarquée, et la plus osée de ce défilé. Déjà adopté par des stars comme Kendall Jenner ou sa sœur Kylie, le no pants (comprenez “sans pantalon”) comme on l’appelle, va, semble-t-il, continuer à faire des émules encore longtemps. Ce style, qui consiste à ne pas porter de bas, et faire comme si cela était normal, s’est manifesté sur le podium à travers un manteau long stricte noir qui cachait une réalité très hot. Il s’ouvrait en effet sur un body bleu layette, des collants assortis… et c’est tout. Pas de pantalon ou de jupe, juste une paire de jambes qui marchaient avec assurance.
Un look qui s’inspirait du défilé Bottega Veneta printemps-été 2023. C’est en effet Matthieu Blazy, directeur artistique de la maison, qui donnait le coup d’envoi de cette envolée mode osée en combinant audacieusement pull bleu marine en maille aux revers blancs imitant une chemise, escarpins noirs, et collant au trompe-l’œil effet culotte qui faisant office de bas. C’est d’ailleurs ce look-là que s’était approprié Kendall Jenner dans les rues de Los Angeles en novembre dernier. Il y a donc fort à parier qu’elle succombera aussi à cette nouvelle silhouette Gucci à la croisée de l‘officewear et du très très sexy.
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