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Analyse

Diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires : seule une approche pluridisciplinaire est efficace contre le surpoids

« Je ne pouvais plus ranger la chambre des enfants, me mettre du vernis aux pieds, faire le tour de mon corps avec la serviette, croiser les jambes… Je ne pouvais plus aller à la piscine, le regard des gens était terrible. Le pire, c’est quand j’allais à McDonald’s. Tout le monde te regarde en se disant : "Elle n’a pas besoin d’aller à McDo celle-là, elle est déjà bien assez grosse !" » Des témoignages comme celui de Corina Anderson pullulent sur la toile : mais l’obésité – considérée par l’OMS comme une maladie chronique depuis 1977 – dépasse largement la question du regard sur soi et sur son propre corps. Quel que soit son niveau, la surcharge pondérale est souvent synonyme de complications et de maladies annexes. L’OMS considère en effet que 80% des maladies mortelles pourraient être évitées en luttant efficacement contre le surpoids et la sédentarité.  

La longue liste de maladies causées par nos kilos en trop 

Selon le site Ameli.fr de la Sécurité sociale, la liste des maladies est connue, et longue comme le bras. Hypertension artérielle, cholestérol, maladie coronaire, infarctus du myocarde, artérite des membres inférieurs, varices, diabète de type 2, stéatose du foie, reflux gastro-œsophagien, calculs, lombalgies, ronflements, apnée du sommeil, ovaires polykystiques, incontinence, mycoses… Pas la peine d’aller plus loin : le surpoids ne se limite pas à un jean dans lequel on ne rentre plus. Il peut avoir des effets dévastateurs sur notre santé. 

Nouveau phénomène mis en évidence par le corps médical, une nouvelle épidémie est même en train de s’abattre sur les pays développés, connue sous l’acronyme anglo-saxon NASH (Non-Alcoholic SteatoHepatitis ou stéatohépatite non alcoolique). Près de 8 millions de Français en seraient atteints. En cause : la malbouffe. Cette nouvelle forme de cirrhose du foie ne serait donc pas liée à la consommation d’alcool, mais à une alimentation malsaine, principalement à cause des graisses et du sucre. « On estime aujourd’hui que 30% de la population présentent de la graisse dans le foie, première étape avant la NASH, le plus souvent sans le savoir, explique le Dr Jérôme Berger. La NASH est une maladie silencieuse, sans symptôme, qui dégrade insidieusement le foie. Cette forme d’hépatite, en l’absence de virus et de tout alcoolisme, liée uniquement à l’alimentation, entraîne cirrhose et cancer du foie, avec pour seule issue la greffe puisqu’il n’existe pour l’heure aucun médicament ». Aux Etats Unis, l’ampleur du problème est telle qu’ils n’ont pas suffisamment de greffons hépatiques pour faire face à cette épidémie. 

Surveiller son tour de taille 

Pire encore, d’après les chiffres du ministère de la Santé, environ 50 % de la population française sont directement concernées par la surcharge pondérale : 17% par l’obésité– soit 8 millions de personnes et 37% par le surpoids – soit 17,4 millions de personnes  . En 2019, le gouvernement avait donc lancé une feuille de route pour contrer ce phénomène galopant, afin de réduire les risques. Cette stratégie s’articulait autour de quatre axes principaux :  améliorer la prise en charge des personnes atteintes de surpoids et d’obésité par la structuration de parcours de soins gradués et coordonnés ; renforcer la régulation de la chirurgie bariatrique pour une meilleure pertinence ; développer la formation et l’information ; et enfin soutenir l’innovation et mieux évaluer. 

Alors, quelle réponse apporter à ces multiples enjeux ? L’industrie pharmaceutique, elle, défend depuis vingt ans une stratégie destinée à traiter les conséquences – cf. la liste interminable de maladies listées plus haut – grâce à des polypill, ces gélules regroupant des traitements pour chaque symptôme. Une approche qui n’a pas fait ses preuves, car a l’exacte opposée d’un « parcours de soin » équilibré. D’autres vendeurs de miracles proposent des régimes susceptibles de faire fondre les kilos en trop. Mais bien souvent, les fameux kilos reviennent. Pour réussir, il faut en réalité avoir une approche à la fois médicale et diététique, l’alimentation restant le premier de nos médicaments. Car elle est de loin le plus efficace pour préserver notre santé. À commencer par notre foie gangréné par la graisse. 

Contrairement à ce que sous-entend le site de la Sécu, le fameux IMC (indice de masse corporel) n’est pas le curseur principal à prendre en compte pour songer à consulter des professionnels de santé. « Il est très important d’identifier et de soigner tous les patients concernés par ces dépôts de graisses, avance le Pr Arne Astrup, spécialiste danois du traitement de la surcharge pondérale. « Certaines de ces personnes ont un IMC normal : c’est pour cette raison qu’il faut impérativement mesurer le tour de taille des patients. ». Car c’est bien la graisse abdominale – capable de s’infiltrer vers les organes vitaux – qui menace le plus directement notre santé. 

Comme le rappelle le Pr Jean Pierre Després (Directeur de la recherche en cardiologie à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, qui compte plus de 650 publications scientifiques et quelques 50 000 citations externes à son actif) : « Le tour de taille est un signe vital. Il devrait être mesuré systématiquement lors de chaque consultation. La mesure du tour de taille devrait faire partie du dossier médical de chaque patient. » 

D’un point de vue épidémiologique, l’obésité représente 17% de la population et le surpoids 37%, ce qui équivaux à un adulte français sur deux en surcharge pondérale. Quand on s’intéresse au tour de taille, c’est plus 75% de la population qui a un tour de taille pouvant être qualifié de « pathologique ». Un problème donc clairement sous-estimé.  

Vers une approche pluridisciplinaire 

L’approche pluridisciplinaire de la surcharge pondérale – entre médecine et diététique – présente des avantages évidents et une efficacité scientifiquement prouvée par rapport à l’approche trop classique, en silo, où problèmes et symptômes sont traités de manière séparée. En France par exemple, cette approche a été adoptée par le programme RNPC qui répond au premier axe défendu par le gouvernement : l’amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de surcharge pondérale. Car bien souvent, les médecins de ville n’ont pas le temps de prendre en charge ces problèmes spécifiques.  

Selon Rémy Legrand, président de l’UFSCVA (Union française pour la santé cardiovasculaire et articulaire) et fondateur du réseau RNPC en France, une perte de poids entre 10 et 15% par rapport au poids initial des patients est le gage d’une amélioration de l’état de santé général :  

« De nombreuses études ont montré qu’une perte de poids de 10 à 15% du poids initial permettait la rémission de la plupart de ces pathologies, dont la stéatohépatite métabolique. Et ce sans médicaments. Mais encore faut-il trouver une méthode permettant de faire perdre au moins 10% de poids mais en plus de cibler cette perte de poids au niveau de la masse grasse viscérale : c’est exactement ce que permet d’atteindre le Programme RNPC, comme cela a été démontré dans une importante étude publiée dans OBESITY MEDICINE sur plus de 12 000 personnes » explique-t-il. Cette étude sur les patients suivant le Programme RNPC, a montré que 90% des personnes atteignaient leur objectif de perte de poids, en perdant en moyenne 11% de leur poids initial sur une durée moyenne de 3 à 4 mois. « Pour ceux qui complétaient toutes les phases du programme (phase de stabilisation comprise), ils perdaient en moyenne 17% de leur poids initial sur une durée moyenne de 8 à 9 mois », explique Rémy Legrand.    

L’approche combinée des médecins et des diététiciens RNPC assure une sécurité totale au patient tout au long des trois phases de son parcours de soin : phase d’amaigrissement basée sur la connaissance de l’état clinique du patient communiqué par son médecin, des pathologies éventuelles de ceux-ci , de leurs médicaments ainsi que sur l’analyse d’un bilan biologique (sanguin et urinaire) très complet, 5 phases de stabilisation personnalisée et la phase de rééquilibrage alimentaire, qui constitue la base d’un suivi à vie proposé aux patients qui en expriment le besoin.  

Celles et ceux qui se sont déjà lancés dans des régimes le savent : l’adhésion sur le long terme est toujours la pierre d’achoppement des bonnes volontés. Tout comme le manque d’accompagnement médical tout au long d’un programme destiné à retrouver son poids de forme. Deux écueils que permet d’écarter une stratégie pluridisciplinaire, comme le propose le programme RNPC. À essayer donc. 

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