À l’aube de la Coupe du monde 2022, le Brésil cherche toujours à conquérir son sixième titre planétaire. Voilà vingt ans que la Seleçao lorgne sur ce titre sans toutefois y parvenir. Il y a vingt ans jour pour jour, le Brésil remportait sa cinquième victoire en Coupe du monde et voyait une nouvelle étoile orner son maillot auriverde.
Une affiche inédite pour un Mondial unique
Yokohama, 30 juin 2002. Le premier Mondial co-organisé par deux pays (Corée du Sud et Japon) touche à sa fin. Il se conclut par la plus belle des finales. Allemands et Brésiliens ne se sont jamais rencontrés avant cette partie. Ils totalisent à eux deux sept trophées planétaires et douze finales (six de chaque côté) avant la rencontre. L’enjeu est de taille : l’Allemagne a l’occasion de rejoindre son adversaire du jour en tête du classement des nations les plus titrées, le Brésil peut quant à lui prendre le large dans un classement qu’il domine de surcroit.
Deux géants du football outsiders en début de compétition
Le parcours de la Mannschaft est surprenant à plus d’un titre. Inattendu, tout d’abord. Giflés par l’Angleterre à Munich (1-5) lors des qualifications en 2001, les hommes de Rudi Voller abordent ce Mondial nippo - sud-coréen en proie au doute et loin du statut de favoris dont la France et l’Argentine jouissent. À la surprise générale, l’Allemagne réalise un parcours presque parfait, notamment grâce à deux joueurs cruciaux au cours de cette épopée : Oliver Kahn et Michael Ballack. Le gardien de but du Bayern Munich s’est montré irresistible et infranchissable tout au long de la compétition. Omniprésent, il n’a encaissé qu’un seul but, face à la République d’Irlande, par l’intermédiaire de Roy Keane (1-1, score final). Il est nommé conséquemment meilleur joueur du tournoi devant l’inévitable Ronaldo. Le milieu de terrain du Bayer Leverkusen a pour sa part su être opportuniste dans les moments clefs. Meilleur passeur du tournoi (quatre passes décisives), il inscrit le but de la victoire contre les États-Unis en quart-de-finale puis face aux surprenants sud-coréens en demi-finale à Séoul. Ce tournoi fut également le théâtre de la révélation de Miroslav Klose, auteur de cinq buts, tous inscrits en phase de groupes.
En face se dresse une impressionnante équipe brésilienne. Elle aussi aux abois lors des mois qui ont précédé ce mondial, la sélection brésilienne retrouve sa grandeur d’antan au moment le plus opportun. La voilà lancer vers la finale grâce à un effectif d’anthologie. Tout d’abord, Rivaldo, auteur d’un tournoi remarquable à plus d'un titre. Buteur lors des cinq premières rencontres, le Ballon d’Or 1999 confirme son immense talent et se montre décisif dans le parcours des siens. Épaulé par Ronaldinho, il fit montre de ses qualités techniques hors paires à plusieurs reprises.
Ronaldinho, ensuite. Le joueur du Paris Saint-Germain se révèle un peu plus au monde entier lors de ce mois de juin 2002. Régulier tout au long du tournoi, il est l’homme providentiel face à l’Angleterre en quart-de-finale. Lors de ce choc disputé à Shizuoka (Japon), le natif de Porto Alegre survole les débats. Passeur décisif lors de l’égalisation signée Rivaldo après avoir éliminé trois joueurs anglais, il délivre les siens par un coup-de-pied magique, lobant David Seaman, le portier des Three Lions. Ce coup-franc, désormais mythique, le consacre comme homme du match malgré son exclusion ultérieure.
La renaissance de la légende Ronaldo
Mais ce mondial 2002 fut celui de la résurrection de la légende Ronaldo. Blessé depuis avril 2000, le Carioca effectue son retour à la compétition à l’automne 2001. Peu utilisé avec l’Inter Milan mais souvent buteur lors de ses rares apparitions, le numéro neuf le plus célèbre de l’histoire du football trouve les moyens de retrouver sa place dans le groupe brésilien à quelques semaines du départ pour la Corée du Sud. Il convainc même Luiz Felipe Scolari de bâtir son effectif autour de sa personne. Pari réussi pour le tacticien brésilien qui voit son attaquant briller de mille feux en ce mois de juin 2002. Buteur lors de chaque rencontre, à l’exception du quart face à l’Angleterre, le Phénomène marque l’unique but de la demi-finale face à la Turquie à Saitama (Japon). Il envoie donc le Brésil en finale, laquelle se résume dorénavant à un duel entre Oliver Kahn et lui-même.
Un doublé pour la Penta
Un duel dont il sortira finalement victorieux, après avoir longtemps butté sur le portier allemand. À trois reprises, en première période, Kahn remporte son face-à-face avec le meilleur buteur de la compétition. Il faut attendre la seconde période pour voir Ronaldo vaincre son adversaire, fautif d'avoir relâché le ballon dans les pieds du Brésiliens lors de l'ouverture du score (67e). Le deuxième but est un cas d’école. Sur une remontée de balle du capitaine Cafu, côté droit, relayé par Kleberson (qui avait déjà touché la barre transversale avant la mi-temps), Ronaldo ne laisse aucune chance à Oliver Kahn, d’une frappe à raz-de-terre (79e). Sa complicité avec Rivaldo, auteur d’une subtile feinte de corps pour laisser son coéquipier crucifier Kahn et anéantir les derniers espoirs allemands, a été l’un des éléments déterminants de la victoire du Brésil. Il termine meilleur buteur avec huit réalisations à son actif, meilleur total depuis 1970 et les dix buts de Gerd Müller au Mexique.
La Seleçao, bien aidée par ce trio offensif magique mais aussi d’autres joueurs de très grande qualité, comme le lateral Roberto Carlos (qui réalise en 2002 le doublé C1- Coupe du monde), le Lyonnais Edmilson, auteur d’un but spectaculaire face au Costa-Rica, le milieu de terrain Gilberto Silva ou Marcos, gardien de but de Palmeiras et révélation à ce niveau, retrouve sa couronne après l’avoir laissée à la France. Fera t-elle de même cet hiver au Qatar ?
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