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TOP/FLOP : Le bilan du WRC 2022

LES SATISFACTIONS DE LA SAISON

Kalle Rovanperä, l'hybridation des voitures et Takamoto Katsuta

1. Kalle Rovanperä 

Comment ne pas commencer cette catégorie par Kalle Rovanperä ? 

Impressionnant de maturité, le phénomène finlandais est devenu à 22 ans et 1 jour, le plus jeune champion du monde des rallyes de l’histoire. Véritable phénomène, il a dominé la saison de la tête et des épaules avec 6 victoires en 13 manches. Patient et studieux dans les premières spéciales du Monte-Carlo, il a vite pris le pli de sa monture, en témoigne ses trois victoires de suite, sur trois surfaces différentes, en Suède (neige), Croatie (asphalte) et au Portugal (terre). Dès lors, le break était fait, et malgré ses erreurs à Ypres et en Grèce, rien ni personne ne pouvait empêcher le jeune finlandais de glaner la couronne du rallye mondial. 

Préparé pour gagner, le film d’Harri a connu une progression fulgurante, bien aidé par la bonne gestion de l’équipe Toyota et l’aide de son directeur Jari-Matti Latvala, qui s’est montré ému du titre de son poulain : « Je suis très content que Kalle y soit parvenu. C'est formidable, je n'ai pas les mots. C'est un super-héros. […] C’est un titre non seulement important pour Kalle, mais également pour la Finlande. » Car oui, 20 ans après le second titre de Marcus Grönholm, la timbale revient enfin à un finlandais. 

Le pays des milles lacs a trouvé son nouveau Flying Finn. Un nouveau roi est sur le trône, et Kalle Rovanperä est destiné à dominer le WRC pour de longues années.

Jonne Halttunen & Kalle Rovanperä, champions du monde WRC 2022

2. Le début de l’ère hybride

2022 aura été l’année de la nouveauté technologique. 

L’introduction des Rally1 à moteur hybride faisait grincer les dents de nombreux observateurs, qui n’ont cependant pas tardé à revoir leur jugement, une fois le championnat lancé. Le rallye Monte-Carlo constituait une première grande réussite avec un duel au sommet entre les plus grands champions de l’histoire de ce sport, en la personne de Sébastien Loeb et Sébastien Ogier. 

Malgré des voitures plus lourdes, dû notamment à l’implantation du système électrique, le spectacle a été au rendez-vous sur les routes du championnat du monde, au même titre que la fiabilité des nouvelles machines, aspect très important de toute nouvelle réglementation technique. 

Autre satisfaction, les trois constructeurs (Toyota, Hyundai et M-Sport Ford) se sont imposés. Les rallyes candidats se bousculent pour accueillir une manche du championnat du monde, preuve s’il en est d’une bonne santé du WRC après ce saut dans l’inconnu.

3. Takamoto Katsuta 

Oui, le nippon est l’une des belles histoires de l’année. Une réelle satisfaction, aussi. 

Le sympathique « Taka » a haussé le ton en 2022, en démontrant une belle pointe de vitesse. Une progression sans brûler les étapes, une adaptation à tous les terrains du championnat et une régularité à (presque) toute épreuve. Il termine dans les points lors de 12 des 13 rallyes de l’année, se faisant piéger uniquement en Nouvelle-Zélande. 

Comme l’an dernier à l’occasion du Safari Rally, le japonais termine sur le podium au Kenya, avant de terminer sa saison en apothéose, avec un podium à la maison, avec Toyota. Ses prestations solides tout au long de l’année sont récompensés avec un volant d’usine dès la saison prochaine. Quoi de plus logique pour le 5ème du championnat ?

LES DÉCEPTIONS DE LA SAISON

Ford M-Sport, Elfyn Evans et la compétitivité du championnat

1. Ford M-Sport 

Tout avait pourtant si bien commencé pour l’équipe de Malcolm Wilson et Richard Millener…

En janvier, dans les montagnes de l’arrière-pays niçois, Sébastien Loeb remporte sa 80ème victoire en WRC, accompagné sur le podium par un solide Craig Breen. Pendant ce temps, les jeunes Adrien Fourmaux et Gus Greensmith montrent de belles choses, malgré la grosse sortie de route du français. Une chose est sûre, la Ford Puma Rally1 est une voiture pour gagner.

Cette parenthèse enchantée ne durera pas longtemps et au final, le constat d’échec est terrible. M-Sport ne remonte sur le podium qu’une seule fois cette année, par l’intermédiaire de Craig Breen, deuxième en Sardaigne. Pour sa première saison complète en championnat du monde, le pilote irlandais, propulsé leader de l’équipe par ses patrons, n’a pas su tenir la pression, multipliant les erreurs de pilotage, et perdant la confiance qu’il avait accumulé durant son passage chez Hyundai. Il retrouvera d’ailleurs le constructeur coréen en programme partiel pour 2023. 

Gus Greensmith, auteur de ses premiers temps scratchs cette année, retombe lui rapidement dans ses travers. Entre manque de rythme, sortie de route et malchance, le britannique ne parvient pas à élever son niveau malgré la confiance accordée par M-Sport. 

Adrien Fourmaux quant à lui, a perdu la confiance de son employeur. Ses nombreux abandons dû à des erreurs de pilotage ont ébranlé le discours de Richard Millener. Sa sortie de route à Ypres, alors 5ème à deux spéciales de l'arrivée, aura été la goutte de trop. Clairement puni pour ses fautes, le français était absent en Grèce, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Difficile d’être optimiste pour son programme 2023. 

Rare satisfaction de l’année, le corse Pierre-Louis Loubet a su saisir sa chance avec deux belles 4èmes places. 

En définitive, malgré une voiture bien née, M-Sport et ses pilotes ne sont jamais parvenus à l’utiliser à son plein potentiel. Une réaction notable est attendue pour la saison prochaine, et la signature d’Ott Tanäk est une absolue nécessité pour rendre le projet viable en 2023.

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2. Elfyn Evans 

Le gallois est sans doute LA grande déception de cette cuvée 2022. Double vice-champion du monde derrière Sébastien Ogier en 2020 et 2021, Elfyn Evans faisait naturellement figure de favori pour le sacre mondial. 

Après un début de saison complètement loupé, ses chances de titre étaient réduites à néant à la suite de problèmes mécaniques en Sardaigne. Dès lors, ne parvenant pas à adapter son pilotage atypique à sa Toyota GR Yaris Rally1, il essaie différentes combinaisons de réglages, en vain.

Dominé de bout en bout par son coéquipier Kalle Rovanperä, Evans termine à 121 points du titre, un réel monde d’écart. Pire encore, le gallois ne remporte aucun rallye cette saison, une première depuis 2019. 

Si son talent est indéniable, Elfyn Evans a peut-être gâché ses plus belles opportunités de remporter la couronne mondiale. À l’heure où peu de monde le croit capable de rivaliser yeux dans les yeux avec son jeune coéquipier finlandais, c’est à lui de faire mentir les aficionados du rallye mondial. 

Après deux titres de vice-champion, Elfyn Evans n'a pas su concrétiser cette année.

3. Compétitivité et attractivité du championnat 

Si le saut dans la nouvelle ère hybride a été un succès, le suspense n’était pas le maître mot cette année en WRC. Avec les déboires des principales têtes d’affiches lors des manches inaugurales (Evans, Neuville et Tanäk), ainsi que l’ultra domination de Kalle Rovanperä au cours de la première partie de saison, le championnat pilote semblait être déjà joué, au soir du rallye du Portugal, en mai. 

Heureusement pour l’intérêt des courses suivantes, le développement de la Hyundai i20 N Rally1 a porté ses fruits, en témoigne les 4 victoires lors des 6 dernières manches du calendrier. Sans pour autant relancer la course aux championnat pilotes et constructeurs, l’équipe coréenne a réalisé une véritable prouesse, elle qui partait de très loin. Dans le même temps, les pilotes M-Sport ne parvenant pas à tirer le plein potentiel de la Ford Puma Rally1, les victoires se jouent donc entre Toyota et Hyundai.

Depuis le retrait de Citroën en fin de saison 2019, seuls trois constructeurs sont donc présents en WRC. L’attractivité du championnat pour les constructeurs est un souci majeur depuis plusieurs années, et le nombre de baquets est extrêmement limité pour les pilotes et les copilotes. La moindre erreur peut avoir des conséquences énormes sur une carrière, et les écuries sont frileuses à laisser le temps aux jeunes, comme le montre la mise à l’écart d’Oliver Solberg chez Hyundai, ou d’Adrien Fourmaux chez M-Sport. Également, l'impressionnant niveau de performance des légendes Ogier et Loeb lors de leurs piges, a tendance à ridiculiser le reste du gratin mondial. Seul point positif, les candidats pour accueillir le cirque du WRC sont légions. 

L’arrivée d’un nouveau constructeur serait évidemment la bienvenue pour la pérennité du championnat mais aucun engagement supplémentaire n’est à prévoir d’ici 2025. Cependant, Alpine, Skoda et le groupe Stellantis ont affirmé étudier l’idée de rejoindre le championnat, si la série s'électrifie davantage. Wait and see…

La recrudescence de Hyundai a relancé le suspense des rallyes, mais pas des championnats.
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